Conférence de San Remo – Avril 1920

Article largement repris de la page Wikipédia – Conférence de San Remo.

La conférence de San Remo est une conférence internationale qui a eu lieu du 19 au 26 avril 1920 dans le château Devachan à Sanremo (selon la graphie actuelle), en Ligurie, dans le nord-ouest de l’Italie, après la Première Guerre mondiale. Elle fut constituée par le Conseil suprême de Guerre, composé de représentants des Alliés – les britanniques (→ Lloyd George), français(→ Millerand), italiens (→ Nitti), grecs, japonais et belges – et en continuation de la Conférence de la paix de Paris.

La résolution de San Remo adoptée le 25 avril 1920, déterminera l’attribution des mandats de classe « A » de la Société des Nations, pour l’administration de trois territoires ottomans alors indéfinis, au Moyen-Orient : « Palestine », « Syrie » et « Mésopotamie ».

Après la fin de la Première guerre mondiale, la conférence de San Remo du 19 au 26 avril 1920 est chargée de préparer le traité de paix avec l’Empire ottoman (le futur traité de Sèvres, en Turquie, du 10 août 1920).

Table des matières

Les ambitions françaises et britanniques en Orient

Depuis le XIXème siècle, la France et la Grande-Bretagne étendent soigneusement leurs influences économiques et culturelles sur les provinces arabes de l’Empire ottoman.

La France, puissance protectrice traditionnelle des chrétiens d’Orient, s’est particulièrement bien implantée au Liban et convoite la Syrie. Les Britanniques, soucieux de protéger la route des Indes, sont au début du XXème siècle bien établis dans le Golfe et en Mésopotamie. Ils cherchent alors à détacher la Palestine de la Syrie pour éloigner toujours plus leur rival français du canal de Suez.

A partir de novembre 1915, les deux puissances, en guerre contre l’Empire ottoman depuis près d’un an, commencent à négocier le partage des terres de l’Empire. Ce sont les accords Sykes-Picot. Ils prévoient la division des provinces orientales en cinq régions composées de zones d’administrations directes françaises et britanniques et de zones d’influences sur le royaume arabe promis au même moment par le gouvernement anglais (correspondance Hussein-MacMahon) au Chérif de La Mecque, Hussein. Ces arrangements ne sont finalement pas respectés et à partir de 1918, les deux puissances victorieuses vont tenter de s’accorder sur leur future présence en Orient, abandonnant progressivement les engagements vis-à-vis des nationalistes arabes. Les troupes britanniques occupent alors l’Irak et la Syrie et sont donc en position de force par rapport à la France qui n’a pas déployé de véritable contingent dans la région. L’armée de Faysal, fils de Hussein, a pour sa part dirigé l’insurrection arabe jusqu’à Damas.

L’article 22 du Pacte de la Société des Nations naissante, adopté en avril 1919, prévoit, pour les anciennes provinces arabes de l’Empire, la mise en place d’un système de mandats. Cette formule rompt définitivement avec les idées de sphère d’influence élaborées dans les accords Sykes-Picot et pose le principe de tutelle des populations par des puissances chargées de les porter vers l’indépendance. Il s’agit alors pour la France et la Grande-Bretagne de parvenir à un accord pour délimiter leur zone de domination dans la région. En février-mars, une première conférence, à Londres, marque un premier pas dans les discussions. L’Angleterre y obtient notamment l’élargissement de la Palestine au nord de la Galilée. C’est véritablement à San Remo, un mois plus tard que les deux puissances vont finalement parvenir à un accord.

Attribution des mandats français et britanniques

Le 24 avril 1920, le Comité supérieur place la Palestine, Mésopotamie (Irak) sous un mandat du gouvernement britannique. Les Français reçurent un mandat sur la Syrie et le Liban. Ces différents mandats (territoires ottomans), décidés durant la conférence de San Remo, ne furent appliqués par la SDN que lors du traité de Sèvres.

Ils confirment et précisent l’accord secret de 1916 appelé « Sykes-Picot »herodote.

Ainsi, la France et la Grande-Bretagne s’établissent progressivement dans les anciennes provinces ottomanes entre 1920-1922. Les décisions mandataires de San Remo sont officiellement entérinées par la Société des Nations en 1922.

Le destin des provinces arabes

Par ailleurs, face aux pressions exercées par la Grande-Bretagne et par l’Italie, la France accepte de renoncer à son droit de protection sur les chrétiens d’Orient qui entravait fortement l’autorité britannique sur la Palestine. Elle cherche cependant à faire valoir les droits des populations arabes et affirme que l’établissement d’un foyer national juif dans le pays, prévu par la Déclaration Balfour de 1917, ne doit pas annoncer la formation d’un Etat juif.

La conférence de San Remo scelle donc le destin des provinces arabes sans prendre en considération les revendications des populations sur place et en oubliant définitivement les promesses d’indépendance faites pendant la guerre. Les réactions ne se font pas attendre dans le monde arabe : une insurrection populaire réunissant chiite et sunnite éclate en Irak. En Syrie, les nationalistes se radicalisent alors que des violences se succèdent en Palestine. Faysal, proclamé roi du royaume arabe de Damas de manière unilatérale par le Congrès arabe le 8 mars 1920, a refusé de se rendre aux pourparlers. Il sait alors que sa position est fortement menacée. Les alliés lui font d’ailleurs comprendre qu’il est sommé de se soumettre aux décisions de San Remo. Quelques mois plus tard, les troupes françaises du général Gouraud mettent fin au royaume arabe de Damas et imposent le mandat.

Règlement de la question du pétrole de Mossoul

Origine du litige

Originellement attribués à la France lors des accords secrets de 19161, les champs pétroliers du Nord de la Mésopotamie sont un sujet de dissension entre la France et son allié britannique. Stratégiquement, le Royaume-Uni préférait une haute Mésopotamie administrée par la France pour ne pas avoir une zone d’influence jouxtant celle de la Russie (Grand Jeu), tactique devenue sans objet en 1919/1920, après le reflux de l’influence russe dans le Caucase à la suite de la révolution d’Octobre. De plus, une prise de conscience de l’importance future du pétrole dans la marine pousse les Britanniques à revenir sur leurs promesses.

Après la défaite ottomane (Armistice de Moudros), l’essentiel du Levant est occupé militairement par l’armée britannique (presque 1 million d’homme dans l’ensemble des territoires arabes de l’empire ottoman), ce qui rend difficile pour la France de réclamer sa part négociée pendant la Guerre2. Après plusieurs tentatives de médiation, la France accepte le principe d’une gestion britannique de la riche région pétrolière de Kirkouk, sous réserve d’un intéressement de participation à hauteur de 25 % dans la Turkish Petroleum Company.

Texte de l'accord sur les Pétroles

Le traité signé à San Remo est signé le 24 avril 1920, connu sous le nom d’« accord sur les Pétroles », règle une série de contentieux dans divers zones pétrolières.

Il se compose de 18 articles et règle comme l’affirme l’article 2 les questions relatives à : « La Roumanie, L’Asie Mineure, les Anciens territoires de l’Empire russe, La Galicie, La Mésopotamie, les colonies françaises et les colonies de la couronne britannique »3. L’article 8 pose le principe d’une compagnie contrôlée par le Royaume-Uni, accordant à la France 25% des ressources extraites au prix du marché, tandis que l’article 9 marque la possibilité pour le Royaume-Uni de construire un chemin de fer ainsi qu’un pipeline pour acheminer le pétrole vers la Méditerranée et donc entrer dans la sphère d’influence française. La France s’engage à ne pas prélever de droits de douane sur le futur pétrole acheminé. L’accord final est paraphé par Llyod Georges, John Cadman, Alexandre Millerand et Philippe Berthelot4.

Depuis la guerre, les Britanniques ont en effet pu mesurer l’importance stratégique du pétrole. Un monopole européen commence ainsi à se mettre en place sur le pétrole du Moyen-Orient.

Voir aussi :

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes

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