1920, un groupe d’investisseurs anversois fonde la « Compagnie Financière Belge des Pétroles », plus connu sous le nom de Fina.
C’est le 25 février 1920 que sera créé, à Anvers (Belgique), la Compagnie Financière Belge des Pétroles (CFPB) par un groupe d’investisseurs, inspirés par l’exemple de Waterkeyn , et de banquiers anversois, fédérés par la Banque d’Anvers. Il comprendra Auguste Diagre, les frères Hector et Fernand Carlier et le ministre Aloys Van de Vyvere.
Cette nouvelle société, purement financière à l’origine, avait pour objectif de prendre le contrôle de sociétés roumaines de pétroles (mises en vente à un prix avantageux), aux mains d’affairistes allemands : « Rumeensche Petroleummaatschappij2 », « Concordia », « Sirius », « Creditul Petrolifer » et la raffinerie « Vega » – à Ploiesti (raffinerie fondé en 1905, avec le capital fourni par Deutsche Bank). Elles avaient été confisquées à leurs propriétaires allemands après la Première Guerre mondiale.
Émile Francqui en fut le premier président.
La Roumanie, un pays riche en pétrole mais pauvre en liquidités, représentait un point d’entrée pratique dans une industrie déjà surchargée. Les actifs proposés comprenaient des puits de pétrole, des raffineries et des réseaux de distribution.
Première activité : explorer, produire et raffiner en Roumanie via la société Concordia.
Lors de sa prise de contrôle, PetroFina fusionna trois des quatre compagnies pour former Concordia, dont la production de 128 500 tonnes en 1921 représentait 11 % de la production totale de pétrole brut de la Roumanie. Cinq ans plus tard, la production de Concordia avait triplécomp.
Explorer, produire et raffiner en Roumanie via la société Concordia.
En 1923, l’achat de l’usine et de la petite raffinerie d’Ertwelde ouvre la voie des lubrifiants automobiles, des huiles médicinales et des produits comestibles.
Le site d’Ertvelde a connu une longue histoire de transformation et de modernisation.
En 1986, Fina, qui rejoindra ensuite TotalEnergies, décide de construire une usine ultramoderne qui ouvrira ses portes cinq ans plus tard. Cette structure a marqué le début d’un voyage vers l’automatisation et la digitalisation. Aujourd’hui (2023) l’usine est encore reconnue comme l’une des usines de lubrifiants les plus avancées au monde. Filip Van de Vijver, directeur de l’usine, souligne : « Notre usine devait produire environ 130 000 tonnes de lubrifiants, mais grâce à une amélioration continue et à l’engagements de nos employés, nous avons réussi à livrer 192 000 tonnes l’année dernière. »
La société Purfina Transports, également connue sous le nom de SOC PURFINA TRANSPORTS, vue le jour en 1924 lorsqu’elle achète sur cale aux Ateliers & Chantiers de France à Dunkerque , le pétrolier SAINT QUENTIN (6000 tonnes) commandé à l’origine par la Société Navale de l’Ouest. Il fut mis en service en septembre 1923.
La société sera basée à Paris, au 19 rue du Général Foy, était active dans le commerce de détail de carburants et lubrifiants. Elle développera une flotte pétrolière en France de 1923 à 1990, incluant plusieurs navires et dépôts flottants.
L’établissement a été fermé le 1er juin 1970, après une période de déclin liée aux chocs pétroliers et à la réduction de la flotte maritime.
Petrofina crée, en 1931, Palmafina, qui distribue des produits alimentaires et sanitaires (huile de table, margarine, savon, et plus tard, des aliments pour le bétail). Elle était basée à Ertvelde (Belgique).
En 1972, un nouveau nom : Oléofine. L’ex-Palmafina, qui produisait de l’huile de friture, du beurre, de la pâte à tartiner au chocolat et du savon, sera intégrée dans Oleochim, marquant ainsi l’expansion de Petrofina dans le secteur de l’oléochimie, et donc dans le domaine de l’industrie alimentaire (en plus de la chimie).
TotalFinaElf (fin novembre 2000) a décidé de vendre Fina Oleochemicals dans le cadre de son plan de concentration sur ses compétences de base. Fina Oleochemicals est devenue Oléon.
Oleon nv construira, en 2006, sur le site d’Ertvelde la première usine dédiée au biodiesel en Belgique.
L’histoire d’OLEON est riche et marquée par de nombreuses étapes importantes.
Palmafina a joué un rôle clé dans le développement de l’industrie alimentaire et chimique en Belgique.
Amarré (ici à droite) au dépôt pour produits finis de Neder-over-Hembeek, le pétrolier Président Francqui (4.919 tonnes) assure les liaisons avec l’Orient. Il a été construit au chantier naval Scheepsbouw Maatschappij Nieuwe Waterweg à Schiedam et fut lancée le 17 janvier 1928.
Entreprise de cale sèche de Rotterdam (archives) : rdm-archief.nl
Le navire-citerne belge (capitaine G. Bayot), entre 23h53 et 23h56 le 28 décembre 1942, sera torpillé, au nord des Açores, par le sous marin U-225 (Leimkühler). Le 29 entre 07h24 et 07h28 ce sera au tour de l’U-336 de tirer. Après deux autres ratés à 09h16 et 10h10, le pétrolier sera coulé par un coup de grâce de l’U-336 à 10h25.
Cinq hommes furent tués et deux blessés sur les 49 membres d’équipage (42 Belges) et les huit artilleurs à bord. Le capitaine fut fait prisonnier par l’U-225 et débarqua à Brest le 8 janvier 1943.
L’occupation allemande de la Belgique débutera en mai 1940 et durera plus de quatre ans de dure occupation. Elle sera sous administration militaire établie par la Wehrmacht.
Une fois la guerre terminée, le pays commencera sa reconstruction et, comme dans de nombreux pays européens, la chasse à ceux qui avaient coopéré avec l’ennemi.
Petrofina est contrainte de céder de nombreux actifs pétroliers (2 millions de titres7) aux forces d’occupations nazies, et plus particulièrement la société pétrolière roumaine Concordia, filiale de Petrofina.
Ferdinand Carlier (cofondateurs belges de PetroFina avec son frère Hector), alors directeur général de Petrofina, bien qu’obligé de céder les titres Concordia, sera pénalement poursuivi pour cette vente après la guerre. Petrofina sera aussi mis sous séquestre en 1945 pour un an.
PetroFina a entrepris ses premières explorations d’après-guerre au Mexique, à partir de 1949. L’aventure mexicaine s’est avérée de courte durée. Canadian Fina Oil (Canada Fina) et Canadian PetroFina ont commencé à explorer des côtés opposés du Canada au début des années 1950 ; en 1961, Canada Fina est devenue une filiale de Canadian PetroFina.
En 1956, PetroFina s’implante aux États-Unis. American PetroFina est créée en coopération avec la Panhandle Oil Corporation du Texas pour exploiter les puits de pétrole, les raffineries et le réseau de distribution de Panhandle. À la fin de 1957, la société extrayait 11 000 barils par jour (b/j), disposait d’une capacité de raffinage de 50 000 b/j et contrôlait plus de 1 000 points de vente au détail.
Premier objectif de l’après-guerre : l’intégration industrielle qui passe par la maîtrise du raffinage.
La Société Industrielle Belge des Pétroles (SIBP), en collaboration avec le groupe pétrolier britannique BP, sera fondée à Anvers en 1949. La SIBP sera détenue pour moitié par chacun des deux groupes. La raffinerie commencera à produire dès 1951 et jouera un rôle clé dans la couverture de la consommation intérieure de produits pétroliers en Belgique. (+ Découvrir la SIBP)
Le Congo, l’Angola, l’Afrique Equatoriale Française et la Tunisie (ainsi que le Zaïre et l’Égypte) constituent le pôle africain du Groupe. On y développe l’exploration, la production et la distribution.
Des explorations ont eu lieu en Afrique, notamment en Angola, au Zaïre, en Afrique Equatoriale Française, en Tunisie et en Égypte, au cours des années 1950. Ils constitueront le pôle africain du Groupe. On y développera l’exploration, la production et la distribution.
Les années 50 marquent l’ouverture sur le monde.
PetroFina, lancée dans l’exploration et la production, réalise des découvertes capitales, notamment au Mexique. Le Canada, l’Angola et l’Egypte suivront avec autant de succès.
Le réseau se développe partout en Europe (Allemagne, en Italie, en Suède, en Norvège, en Suisse), en Amérique du Nord, en Afrique (Tunisie).
Le produit et le service sont orientés vers le client. Ainsi le Groupe anticipe-t-il l’explosion du marché de l’automobile.
PetroFina fait ses premiers pas en pétrochimie. L’intégration industrielle progresse, à l’aube de la civilisation du plastique.
Proche de la SIBP, l’usine Petrochim renforce ses installations d’Anvers.
L’achat de Cosden Chemicals inaugure l’entrée du Groupe dans la pétrochimie aux États-Unis.
Le brut et les produits finis de PetroFina sont acheminés sur des bateaux comme le Reine Fabiola, baptisé en 1964.
Je me disais : « il faut aller en Amérique. »
Laurent Wolters.
Dans les années 60 et 70, les stations-service faisaient des cadeaux avec « des points fidélité ».
Les bouées, les dauphins et les matelas de la campagne « Bonnes Vacances », lancée dans les années 50, envahissent les plages d’Europe.
« Chez FINA, on pouvait gagner une bouée, mais pour obtenir le canot pneumatique, il en fallait beaucoup, beaucoup… Sur la plage, on n’était pas peu fier ! »
PetroFina a utilisé cette campagne pour renforcer son image de marque et promouvoir ses produits pétroliers auprès des vacanciers.
Ekofisk (plus d’info. : norskpetrole.com) et ses champs satellites symbolisent l’essor de l’exploration en mer du Nord. Ils marqueront une étape clé dans l’expansion de l’entreprise (début d’exploitation en1972).
Un gazoduc reliera les sites de production à Emden en Allemagne, facilitant l’exportation du gaz. Un pipe-line amènera le brut à Teeside en Grande-Bretagne.
En 1980, l’entreprise exploitait 792 stations-service FINA en République fédérale d’Allemagne, dont 319 en libre-service.
La vente fructueuse des activités de la Canadian PetroFina (créé au début des années 50) permet à PetroFina de traverser la crise des années 70, en renforçant ses atouts, notamment aux États-Unis.
Fina Italiana ouvre l’ère de l’exploration et de la production en Italie, cette même année 1988.
La société connaîtra un premier succès en 1990 à Tempa Rossa.
En 1991, Fina Europe construit une nouvelle usine de lubrifiants à Ertvelde. Cette unité ultrasophistiquée est le noyau de la production et de la vente de produits d’une renommée internationale.
Aujourd’hui l’usine est encore reconnue comme l’une des usines de lubrifiants les plus avancées au monde.
Le 4 février 1993, quelques temps avant sont décès, le Roi Baudouin visite Fina Research à Feluy et le Centre de Formation de Seneffe.
En 1994, le premier Eurodialogue qui réunit à Seneffe les représentants des filiales européennes de PetroFina illustre la mobilisation des ressources humaines, la première richesse de PetroFina.
TotalEnergies Anvers : le renouveau
Après Anvers, en 1921, c’est en 1997 que Fina sera introduit au New York Stock Exchange (NYSE / bourse de New York), la plus grande bourse au monde.
L’introduction en bourse (IPO) permit à Fina de lever des fonds pour financer son développement et ses investissements.
On retrouve des traces de sponsoring dans le sport automobile dès les années 70.
Tout comme le personnel, les actionnaires et le client, la communauté est partenaire de l’entreprise.
Le souci du Fonds de Mécénat est de s’associer à ses problèmes, à ses espoirs et à ses joies.
Créée en 1992, la Fondation d’entreprise TotalEnergies soutient la jeunesse, en particulier les jeunes vulnérables, à travers des initiatives dans l’éducation, l’insertion et d’autres domaines. Elle se mobilise pour cela aux côtés de ses partenaires dans quatre domaines d’intervention prioritaires : l’éducation et l’insertion ; la sécurité routière ; le climat, les littoraux et les océans ; le dialogue des cultures et le patrimoine. Ses initiatives mais aussi le programme Action!, qui permet aux collaborateurs de la Compagnie de consacrer jusqu’à 3 jours par an de leur temps de travail à des missions d’intérêt général, prolongent la contribution économique, sociale et sociétale de TotalEnergies en France et participent ainsi à l’engagement citoyen de l’entreprise.
1999 : Rapprochement de Total et de PetroFina : Le Groupe prend le nom de Totalfina
Albert Frère, l’actionnaire majoritaire de PetroFina, ayant décidé de se défaire de sa participation dans PetroFina, et à la suite de tractations avec les dirigeants de Total, la société française lançe alors une offre publique d’échange amicale sur PetroFina.
La société PetroFina devient ainsi filiale à 100 % de TOTAL pour donner le groupe Totalfina en 1999.
Thierry Desmarest fut le PDG du groupe Total (et donc de TotaFina puis deTotalFinaElf) de 1995 à 2010.
Il joua un rôle clé dans l’expansion mondiale de l’entreprise.
Toutes les activités de Petrofina (qui a modifié son nom en Total Petrochemicals & Refining SA/NV) sont intégrées dans le groupe Total (aujourd’hui la compagnie TotalÉnergies) qui est issu de ces deux OPE successives.
Si les activités d’exploration-production ne sont plus exercées par la société belge, celle-ci reste néanmoins un acteur majeur dans la pétrochimie (production par ses filiales et commercialisation en son nom propre de monomères et de polymères, ces produits plastiques que sont notamment le polypropylène, le polyéthylène, le polystyrène) et le raffinage (raffinage par la filiale anversoise et vente de la production par la société en son nom propre, de carburants tels l’essence, le diesel, le kérosène, et toute la gamme de produits provenant du raffinage des hydrocarbures).
Les décisions stratégiques émanent cependant depuis lors du quartier-général de la Compagnie à Paris.
Sigma
En 1960 Petrofina se diversifiera dans la peinture par le rachat de sociétés de peintures néerlandaises notamment.
En 1967, PetroFina conclut un accord de collaboration avec Pieter Schoen & Zoon (créée en 1857). Avant que cette dernière n’intègre le giron de PetroFina en 1969.
1971, un an seulement après la création d’International Coating Materials (ICM), PetroFina voit en cette structure un deuxième partenaire de choix pour la production de produits de peinture et se porte donc acquéreur d’ICM. Les bases de Sigma Coatings sont établies.
Le 1er janvier 1972, les 2 entreprises font leur apparition sur le marché sous un nom unique : Sigma Coatings. Le groupe vendra des peintures sous la marque Sigma avec des marques grand public telles Histor, etc.
Dans les années 80, Sigma Coatings établiera un centre de recherche ultramoderne, à côté d’une nouvelle usine de peintures et de poudres. […]
En 2008, PPG opèrera la plus grande acquisition de toute son histoire : le groupe SigmaKalon.
Filiale paritaire de Pétrofina et de British Petroleum (B.P.), S.I.B.P. (capital : FB 600 millions vers 1974) exploite une raffinerie à Anvers-Nord. Cette raffinerie (au début de son existante) vient en ordre d’importance en Europe occidentale après la raffinerie du groupe Royal Dutch/Shell à Pernis (Rotterdam) et celle de la Compagnie française de raffinage à Gonfreville.
La capacité de raffinage a évolué comme suit : (voir tableau ci-joint)
Pour fin 1977, S.I.B.P. projette de porter sa capacité de raffinage à 22 millions t/an.
Les différentes unités composant la raffinerie sont :
La capacité de stockage s’élève à plus de 3 millions de m3 (en 1972).
La S.I.B.P. a passé commande d’une unité de déminéralisation de l’eau (200 tonnes/heure) en 1972.
Le brut traité par la raffinerie (en propre ou à façon) s’est élevé en 1970 à 12,3 millions de tonnes auxquels s’ajoute le traitement de 1,1 million t. de produits semi-finis.
La raffinerie S.I.B.P. est reliée au (pipeline) R.A.P.L. (Rotterdam Antwerpen Pijpleiding NV) [15] pour ses fournitures de brut (les sociétés mères ont une part s’élevant au total à 55,5 % dans la société R.A.P.L.).
La raffinerie est en outre (de même que d’autres raffineries d’Anvers) reliée par un pipe-line à la Centrale électrique de Kallo à laquelle elle fournit du fuel lourd.
Pétrofina dispose dans S.I.B.P. de la moitié de la capacité de raffinage, soit 8,1 millions de tonnes, ce qui représente pratiquement un tiers de la capacité de raffinage du groupe. Un autre tiers de cette capacité est établi aux U.S.A. tandis que le tiers restant l’est en Europe (avec toutefois une très petite partie en Angola).
B.P. a traité dans la raffinerie S.I.B.P. 7 millions de tonnes de pétrole brut en 1972, ce qui a représenté 6,1 % du brut traité par B.P. dans ses propres raffineries.
Après plus de cinq années de travaux et plus d’1 milliard d’euros d’investissement, Anvers, la plus grande plateforme européenne de raffinage et de pétrochimie du Groupe, a terminé sa mutation.
Le site est constitué d’une raffinerie qui traite 338 000 barils de pétrole brut par jour, d’un complexe pétrochimique qui fabrique des produits chimiques de base et d’un site de production de polymères.
Il a été entièrement repensé afin de répondre à trois objectifs : produire plus de produits légers demandés par le marché et répondant aux normes environnementales les plus strictes, flexibiliser la plateforme pour lui permettre d’utiliser les charges les plus compétitives du marché, et accroître
les synergies raffinage-pétrochimie.
Le site d’Anvers est donc prêt, avec ses 1700 collaborateurs, à devenir l’une des plateformes les plus compétitives du Groupe. […]