Les stations Jean-Prouvé (Total) – 1969

Article largement repris de la page, plus complète, dédiée au stations Jean Prouvé et du livre de la Galerie Patrick Seguin.

A partir de 1969, l’entreprise énergétique Total développe une politique d’aménagements industrialisés de ses stations essence, qu’il s’agisse de ses grandes stations d’autoroute ou de ses stations routières. Elle souhaite une image de marque qui la ferait se différencier radicalement de ses concurrents.

Dans ce cadre, le groupe fait appel à Jean Prouvé (Plus d’informations ici) qui a déjà su largement démontrer son savoir faire avant- gardistes en matière d’architectures préfabriquées et de design. Il créera la « tour ».

Logo Total 1970

Ingénieur, architecte et ferronnier d’art mais aussi sculpteur, les nombreuses œuvres de Jean Prouvé répondent à un besoin de solutions innovantes, fonctionnelles, économiques tout en répondant à une recherche évidente de l’esthétique.

Tant dans le domaine des bâtiments que dans celui des meubles, Jean Prouvé s’est aussi démarqué par la conception d’ensembles polygonaux que représentent les stations-services Total dont certaines ont été transformées en logement vintage. Des structures qui ressemblent à des kiosques légers, aériens et pourtant extrêmement solides et pérennes.rdv

Table des matières

Le model de la station-service Total est développées à partir d’une maison d’habitation« La Maison Binotto », conçue en Ariège par Serge Binotto (dessinateur), l’un des collaborateurs de Jean Pouvé58.

La station Total par J. Prouvé

Les Atelier Jean Prouvé vont créer « un nouveau type de station-relais » à la demande du pétrolier national. La centaine de stations-service routières ainsi créées seront réparties sur la France entière.

Une technique : le système « Petroff »

C’est en 1969 que Jean Prouvé travaillera sur la Station Total autoroutière. Il décidera d’utiliser le système de construction Petroffps, reprenant le principe du noyau porteur qu’il a initié dès le début des années 1950GPS.

La station Total circulaire dit la « tour »

C’est en 1970 que le cabinet d’architecte de Jean Prouvé, installé depuis peu dans sa nouvelle agence de la rue des Blanc-Manteaux, à ParisGPS, travaillera sur la Station Total Circulaire. Elle sera surnommé la «Tour».

C’est le dessinateur Serge Binotto, qui va donner forme à la station-service circulaire de Total. Cela devient partie intégrante de l’image de marque de la compagnie énergétique. Le concept est totalement révolutionnaire, la station multiservices est née avec son restaurant, ses produits en vente…, l’idée de permettre à l’automobiliste et ses passagers de se restaurer et faire de petits achats en faisant le plein d’essence, est née.rdv

La variété des terrains conduit en effet au choix de bâtiments quasi-cylindriques à un ou deux niveaux, avec ou sans logements pour l’exploitant de la station, et d’une superficie de 150m2.

La structure

Le bâtiment est élaboré sur un plan centré à structure rayonnante en tôle galvanisée à chaud reposant sur un fût central et des poteaux périphériques.

Le fût centrale stabilise l’édifice, arrime les poutrelles formant l’ossature et fait office de gaine technique.

Les poteaux périphériques sont en même temps des élément de la structure et des supports pour la fixation des poutrelles et du brise-soleil.

La façade (de forme polygone quasiment sphérique) quant à elle se compose de 13 panneaux en polyester thermoformé et verre de type « MATRA ». Ils furent mis au point spécialement par la firme Matra Industrie pour les stations routières et autoroutières TotalGPS. Les fenêtres fixes ou coulissantes , sur cadre en aluminium, sont conçus à l’origine pour les autobus. 

Le planché et le toit seront tout deux constitués de 13 éléments trapézoïdaux tous identiques. La couverture et en caoutchouc, composé d’une seul pièce.

Ce système permet d’organiser librement l’espace intérieur, modulable grâce à des cloisons rayonnantes déplaçables.

Le tout fabriqué en usine, pour un objectif de rapidité de fabrication et de montage. Ainsi , en 3 ans, plus d’une centaines de bâtiments sortirons des usines nancéiennes.

Manifeste de l’architecture préfabriquée, cette architecture légère faite par assemblage simple et rapide a été remontée à titre pédagogique en 2000 devant l’école d’architecture de Nancy.

Préservation du patrimoine

Plus d’une centaine de ces stations services vont être construites entre 1969 et 1972, une soixantaine d’exemplaires à 2 niveaux. Seules quatre continuent à fonctionner (en 2021) mais d’autres ont été rénovées dans un esprit vintage et habitées.

En Dordogne, une de celles-ci achetée à Nancy et démontée, a été réaménagée et transformée en gîte haut de gamme dans le respect de l’esprit vintage qui caractérise les constructions de Prouvé.

Toutefois, si certaines ont été détruites, d’autres ont été démontées pour être conservées. Elles sont devenues des pièces de collection qui peuvent reprendre vie d’une manière inattendue.

Une des stations Total dans le Doubs, a été classée en 2013 et ne peut plus être détruite comme ce fût le cas d’une de ces stations en Bourgogne au grand dam des amoureux des œuvres de Jean Prouvé.

Station Total modèle Jean Prouvé : avantStation Total modèle Jean Prouvé : après

2 exemples de conservation

En novembre 2014, lors d’une vente aux enchèresPascal Loux a fait l’acquisition pour 36 000 € d’une station service Prouvé.

Quelques-unes, dont celle de Monsieur Loux, ont été vendues aux enchères, car ces stations Prouvé sont devenues collector.

La station achetée par Pascal Loux se trouvait à Molsheim en Alsace. Après son démontage, il l’a transportée à Nancy où elle est en cours de restauration. L’opération lui aura coûté 250 000 €.

Quand les travaux seront terminés, Pascal emmènera son trésor chez son frère dans le Périgord. La station essence Prouvé trouvera une nouvelle vie dans un parc de logements insolites.fr3

► Une station-service vintage transformée en gîte de luxe dans le Périgord ◄

Pascal Loux achètera également une « maison des sinistrés » du designer Jean Prouvé pour en faire un gîte.est-répu

Gîte années 70 (© stationprouve.com)

Cette station (ici à droite) fut classée patrimoine remarquable du XXème siècle en 2017. La station-service de Fontoy est du second type, dit « Sucy ». La tour se compose d’un volume à treize côtés, développé sur deux niveaux de huit mètres de diamètre pour six mètres de hautLACP_gouv.fr(PDF).

En vente dans la Gazette Drouot, cette structure est estimée entre 100 000 et 150 000€ (devis de démontage et restauration également proposé).gaz-drou

Le principe de la mobilité qui est le point central de l’œuvre de Jean Prouvé a finalement permis à ses stations services de survivre.

Sur 128 stations qui furent recensées, seul une poigné existent toujours.

Un architecte :
Jean Prouvé

Jean Prouvé

Jean Prouvé, un designer autodidacte, est né le 8 avril 1901 à Paris1 (dans le 14ème arrondissement), au sein d’une famille d’artistes nancéiens. Il est le fils du peintre et sculpteur Victor Prouvé et de la pianiste Marie Duhamel2. Il a pour parrain Émile Gallé, maître verrier et le fondateur de l’École de Nancy. Il fut appelé le « constructeur ».

En 1916, les difficultés financières que rencontre sa famille le contraignent à abandonner ses études, pour entrer en apprentissage, d’abord chez le ferronnier Émile Robert à Enghien, puis de 1919 à 1921 chez Georges-Adalbert Szabo3,Note 1.

Il se lie d’amitié avec André Fontaine. Cet intellectuel progressiste marquera le jeune Prouvé, comme l’avaient fait les artistes de l’École de Nancy, et il en retiendra un mot d’ordre essentiel : ne jamais copier4.

Il est considéré comme l’un des grands inventeurs des structures de l’architecture du XXe sièclesp

Jean Prouvé en 1981. (© Wikipédia)
Jean Prouvé en 1981. (© Wikipédia)

« Jean Prouvé, ferronnier d’art »

En 1924, après son service militaire, il épouse Madeleine Schott (1898-1990), une élève de son père à l’École des Beaux-Arts5. Cette même année, il inaugure un petit atelier « Jean Prouvé, ferronnier d’art », au 35 rue du Général Custine à Nancy, grâce à un prêt de Saint-Just Péquart, un intime de la famille4.

Ses premières réalisations sont des ferronneries pour des édifices privés : hôtel Thiers de Nancy, devantures de magasins parisiens.

Petit à petit, il délaisse le style Art nouveau et expérimente des formes plus modernes et des matériaux nouveaux, tel l’acier inoxydable4. Il conçoit dès cette première année sa « chaise inclinable » en toile et tôle d’acier pliée laquée6. Jean Prouvé va commencer à utiliser l’aluminium qui prend la forme de tôle pliée, à la fois pour la construction elle-même mais aussi pour les aménagements intérieursrdv.

► Barnie’s Art Invest : PRIX DES CHAISES JEAN PROUVÉ ◄

Lors de l’Exposition internationale des arts décoratifs de 1925, il reçoit un « diplôme d’honneur pour son mobilier utilitaire, modulaire et fabriqué selon des techniques avancées3».

En 1927, il sollicite un entretien avec Robert Mallet-Stevens, qui se montre intéressé par son travail et lui commande une grille d’entrée pour l’hôtel particulier Reifenberg à Paris7, 5. Par ailleurs, il l’introduit auprès de grands noms de l’architecture avant-gardiste et moderniste, comme Le Corbusier et Pierre Chareau.

Jean Prouvé fait partie des membres fondateurs en 1929 de l’Union des artistes modernes9. Ce mouvement d’avant-garde veut s’émanciper de la Société des artistes décorateurs, et organiser des événements indépendants qui défendent l’alliance entre l’art et la production industrielle10.

Le nombre des commandes augmentant, Jean Prouvé se voit obligé d’engager du personnel et d’investir dans de nouvelles machinesNote 3. Il est alors contraint de transporter « Les Ateliers Jean Prouvé » rue des Jardiniers ; il finit par renommer sa société en « SA des Ateliers Jean Prouvé » en janvier 193110,Note 4. (Société qu’il posédera jusqu’en janvier 1956). Ces locaux vont permettre de moderniser progressivement les techniques de production et de soutenir les nouveaux objectifs de Jean Prouvé : la construction d’éléments de plus en plus industrialisés pour le bâtiment et la réalisation de mobilier de série. A partir de cette date, les nombreux brevets déposés par Jean Prouvé le seront toujours au nom des «Ateliers Jean Prouvé», dénomination qui représente désormais sa signature.  Il abandonne alors définitivement la ferronnerie traditionnelle, le marché domestique et se consacre au secteur des collectivités offrant des débouchés plus larges,Note 4. […]

Jean Prouvé : l'architecte

À partir de 1935, Jean Prouvé apporte une contribution significative à différents projets architecturaux.

Eugène Beaudouin et Marcel Lods le chargent de concevoir le bâtiment de l’aéroclub Roland-Garros à Buc23. Il conçoit une structure préfabriquée avec une structure porteuse faite de tôle d’acier pliée assemblée par boulonnage24. Après un rapide prototypage, le procédé est validé par Marcel Lods. Dans la continuité du projet de l’aéroclub, Jean Prouvé collabore à nouveau avec les deux architectes à la conception de la Maison du Peuple de Clichy, édifice devant intégrer un marché couvert, une salle des fêtes, une salle de conférence et de cinéma, ainsi que des bureaux25. La solution qu’il propose est encore plus innovante puisque, sur un projet de structure relativement traditionnelle, il dissocie la façade : c’est là une des premières réalisations comportant un mur-rideau25. Il imagine également les éléments secondaires (sanitaires, escaliers, portes et cloisons) en construction préfabriquée26. Le bâtiment est salué comme une grande réussite tant par ses pairs que par le public26.

À l’automne 1939, alors que la Seconde Guerre mondiale vient de débuter, le général Dumontier le charge de présenter un prototype de pavillon démontable pour abriter quatre à douze soldats, ce qu’il parvient à réaliser en une semaine. Convaincu, l’état-major du génie militaire lui commande trois cents pavillons, et les Ateliers Prouvé produisent en quelques mois plusieurs centaines de cellules juxtaposables de 4 × 4 m, qui peuvent être montées et démontées rapidement par deux hommes27. Cependant, l’invasion de la France en mai 1940 marque la fin de la production de ces unités de logement28, 5.

Pendant l’occupation allemande, les matériaux se font rares et il n’y a plus d’acier disponible, ce qui pousse Jean Prouvé à développer, dans le prolongement des essais sur les baraques militaires, le concept de bâtiment provisoire. Par ailleurs, ses Ateliers se diversifient en produisant notamment des carburateurs de camion, des poêles de chauffage et des cadres de bicyclette, 29. Mais pendant cette période troublée, Jean Prouvé s’engage : il rejoint la Résistance, et plus tard il sera nommé maire de Nancy, de la Libération jusqu’aux élections municipales de 1945, 5. Il est aussi délégué de l’Assemblée consultative provisoire, 30.

Jean Prouvé va contribuer largement à la reconstruction de l’après-guerre d’une manière innovatrice, totalement en décalage avec les règles, techniques et styles architecturaux de l’avant-guerre.

La période d’après-guerre fait apparaître une demande importante en logements dans des zones complètement rasées par les bombardements. L’architecte va tourner toute sa créativité autour de la « pensée constructive », penser une construction dans une vision d’ensemble. Celle-ci va fonctionner sur une production à l’esthétique minimaliste sans artifice inutile. On rejoint ici la philosophie de Pierre Jeanneret, Charlotte Perriand et Le Corbusier.

Des structures solides mais légères sont assemblées par des mécanismes intelligents qui permettent de les démonter, de les déplacer et de les remonter. Pour réaliser cette œuvre de reconstruction de maisons pour réfugiés, il va créer sa propre usine à Maxéville.

L’expérience de l’habitat industriel

En 1947, Jean Prouvé installe ses Ateliers sur un terrain plus grand à Maxéville, en banlieue de Nancy 31, il prennent une vraie dimension d’usine ps2 […] Il peut faire face à une demande importante de constructions grâce à la technique du préfabriqué qui s’installe rapidement pour un coût attractif. Cela va aussi lui permettre de faire envoyer des constructions démontables bon marché en République du Congo et au Niger dans la volonté humaniste qui l’a toujours caractérisée.

Innovant constamment, les Ateliers vont déposer divers brevets de construction tel que le système dit « à portique ». Il vont également réaliser de nombreuses maisons et bâtiments préfabriqués.

En 1949 l’Aluminium Français entre dans le capital des « Ateliers Jean Prouvé ». La société filiale STUDAL aura l’exclusivité des ventes du secteur construction. Steph Simon deviendra agent commercial exclusif des meubles des « Ateliers Jean Prouvé ». ps3

Notons qu’en 1954, alors qu’une grande vague de froid frappe la France, l’Abbé Pierre contacte Jean Prouvé. C’est ainsi que Jean Prouvé réalisera le prototype de la « Maison des Jours Meilleurs », dite aussi « Maison pour l’abbé Pierre », monté en sept heures pour le Salon des arts ménagers en février 1956 sur le quai Alexandre-III à Paris49.

« Jean Prouvé a élevé sur le quai Alexandre-III la plus belle maison que je connaisse : le plus parfait moyen d’habitation, la plus étincelante chose construite. Et tout cela est en vrai, bâti, réalisé, conclusion d’une vie de recherches. Et c’est l’abbé Pierre qui la lui a commandée ! » 48

Grands projets architecturaux et enseignement

En 1957, la CIMT, avec laquelle Jean Prouvé a travaillé sur le prototype de la Maison des Jours Meilleurs53, l’engage comme responsable du département « bâtiment »54. […] Il créera un nouveau système de toiture supportée par des poteaux « béquilles » en forme d’Y pour le premier et en forme de T pour le second56, 57.

Une ancienne station Total déplaçable (fin des années 1960) remontée à Nantes. (© Wikipédia - Jean-Pierre Dalbéra)
Jean Prouvé en 1981. (© Wikipédia)

Entre 1957 et 1970, Prouvé occupe la chaire d’Arts appliqués du Conservatoire national des arts et métiers à Paris 53. Intéressé depuis toujours par la pédagogie, il met en place un enseignement qui illustre son approche industrielle de la construction, en s’appuyant sur l’analyse d’« objets techniques », de l’automobile à la construction, souvent à partir de ses propres expériences. C’est aussi pour lui l’occasion de formuler ses préoccupations concernant l’intégration du bâti à l’environnement.

En tant que professeur du CNAM, Jean Prouvé se consacre à l’expérimentation de nouvelles matières (stations-services cylindriques Total, développées à partir d’une maison d’habitation conçue en Ariège par Serge Binotto, l’un de ses collaborateurs 58) ou de composants (panneaux de façade de l’université de Lyon-Bron).

Il se consacre également à plusieurs projets trop audacieux pour être réalisés, mais qui apportent à son œuvre une dimension urbanistique : siège du ministère de l’Éducation nationale, avec Joseph Belmont et Jean Swetchine, 1970 ; station d’Arc 2000, avec Reiko Hayama et Serge Binotto, 1970.

Au début des années 1960, Prouvé conçoit en collaboration avec l’ingénieur Léon Pétroff deux importants systèmes de construction : la « toiture réticulaire à surface variable » qui s’adapte à tous les types de constructions 59, 60 et le « tabouret », procédé mettant en œuvre deux seuls éléments : un poteau et une poutre pour l’Alpexpo 1968 à Grenoble, 61.[…]

Il concevra d’autres systèmes de constructions jusqu’en 1966.

Pour la petite histoire, l’architecte est intervenu à La Défense, siège actuel de Total, dès sa création. Il a travaillé sur la première tour en 1966, la tour Nobel qui est maintenant la tour Initiale et a participé également à la construction du CNIT.Wikitot1 .

Un bureau d'études indépendant

En 1966, quittant la CIMT, Jean Prouvé ouvre à Paris un petit bureau d’études indépendant d’ingénierie-conseil, 65 où s’élaborent des projets qui feront date, et qui démontrent la constante évolution et le remarquable esprit d’adaptation de ce constructeur. Il collabore avec des architectes pour des bâtiments qui portent la marque de son intervention, à l’image de l’extension de l’université libre de Berlin (avec l’agence parisienne Candilis, Josic et Woods) 67, 68 et de la tour Nobel à Paris-La Défense (avec Jean de Mailly et Jacques Depussé) achevée en 1969 69. […]

Avec la demande d’une station, par le pétrolier Total, Jean Prouvé trouve là une occasion de poursuivre les expérimentations menées de longue date vers la production en série d’objets architecturaux innovants et fonctionnels qui s’inscrivent dans le progrès technique de leur époque.GPS

C’est aussi le moment d’une reconnaissance internationale et de belles réussites, en particulier techniques, par exemple la structure du Palais omnisports de Paris-Bercy (Michel Andrault et Pierre Parat architectes, 1978) ou la tour-radar d’Ouessant (Jacquin architecte, 1981).

En 1971 il est nommé président du jury international pour le concours du Centre national d’art et de culture voulu par le président Georges Pompidou, 70. […]

Il préside le Cercle d’études architecturales de 1971 à 197730. En 1982, Jean Prouvé et Charlotte Perriand deviennent parrains de la nouvelle École nationale supérieure de création industrielle consacrée aux études supérieures en design, 73.

Jean Prouvé meurt à 82 ans, le 23 mars 1984, à Nancy74.

Il aura reçu de nombreuses distinctions : Grand prix du Cercle d’études architecturales, prix Augustes-Perret, prix Érasme, Légion d’honneur pour ses activités dans la Résistance (Chevalier puis Commandeur)…

De nombreuses expositions lui seront consacrées dans le monde entier (Paris, Genève, Rotterdam, Nancy, New York). Des galeries permanentes consacrées à l’œuvre de Jean Prouvé sont installées au musée des beaux-arts de Nancy et au musée de l’Histoire du Fer à Jarville-la-Malgrange près de Nancy79.

Un dessinateur :
Serge Binotto

Serge Binotto

Serge Binotto, né le 11 mars 1939 à Belvèze-du-Razès (Aude) et mort le 28 août 2021 à Mirepoix (Ariège), est un architecte et designer français.

Serge Binotto, le très discret bras droit de l’architecte Jean Prouvélm1 durant les années 1960 à 1980, est notamment l’auteur d’une maison d’habitation (la « maison Binotto ») qui sert de modèle aux stations Total cylindriques développées par Prouvé.

En tant que collaborateur de Jean Prouvé, il travaille notamment sur le projet de la centrale nucléaire de Marcoule, les façades du Siège du Parti communiste français (où Prouvé travaille avec Oscar Niemeyer), le Centre Le Corbusier de Zurich ou le site d’Alpexpo dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver de 1968 de Grenoble1.

Au fil de sa carrière, Serge Binotto travaille le métal, le plastique, le bois et enfin la pierre, notamment le marbre.

À la fin de sa vie, il travaille pour la maison de parfumerie Diptyque1. L’octogénaire signera une série d’objets pour la maison Diptyque : diffuseurs de parfum, bougeoirs, socles de bâtonnets parfumés, couvercles de bougies…

Gilbert et Barker n ° T-176. La pompe a été construite en 1923
Serge Binotto avec du marbre des Pyrénées, dans son atelier de Mirepoix. (© MARY GAUDIN POUR M LE MAGAZINE DU MONDE)

La « maison Binotto »

La maison Binotto (connue localement sous le nom de maison ronde, également nommée maison FioreNotes 1) est une maison d’habitation privée située à Mirepoix, dans le département français de l’Ariège. Elle est l’œuvre de Serge Binotto, assistant de Jean Prouvé au Conservatoire national des arts et métiers et collaborateur de ce dernier, avec lequel il a notamment travaillé sur le projet Alpexpo à Grenoble. Binotto conçoit cette maison pour ses propres parents. Les éléments constitutifs du bâtiment ont été conçus à distance, puis acheminés à Mirepoix et montés en un mois1.

Sauvegarde

Serge Binotto y réside à la suite de ses parents, jusqu’en 2010, date de sa vente par l’architecte à une artiste2. La maison est revendue en 2017 à un antiquaire parisien2. Ce dernier commence à démonter les éléments de la maison3, pour les transférer dans la galerie Downtown à Paris2,4. Le chantier et la vente sont stoppés par l’intervention des architectes des bâtiments de France alors que la maison se détériore2.

Une association de défense et protection, l’association « Maison Ronde », est créée.

En avril 2018, la commission régionale du patrimoine et de l’architecture propose l’inscription du bâtiment aux monuments historiques2. La maison en totalité, y compris le noyau en béton, la terrasse qui la supporte et les panneaux modulables déposés en 2007 fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques par arrêté du 7 août 20185.

À la suite de cette protection, l’association Maison Ronde lance une souscription pour engager des travaux de rénovation6, 7.

Après la mort de Serge Binotto, une journée d’hommage et de valorisation de son œuvre se tient à la « maison ronde » en novembre 2022. À cette occasion, une convention de mécénat est signée avec la Fondation du Patrimoine, et un projet de restauration estimé à 500 000 euros est dévoilé. Il existe également un projet de partenariat pédagogique avec l’école nationale supérieure d’architecture de Toulouse8.

Architecture

D’une surface au sol de 100 m23, la maison s’inscrit dans un cercle parfait mais tronqué, ce qui crée une façade vitrée ouverte sur le sud-est. La partie aveugle est ceinte de panneaux de métal émaillé et percée de quelques portes-fenêtres en volet roulant. Le toit-terrasse est en caoutchouc liquide, et repose sur un ensemble de panneaux en bois horizontaux et un noyau central « monobloc ». Le sol est intégralement en ardoise. Les cheminées s’inspirent des mobiles d’Alexander Calder, proche de Jean Prouvé1.

Serge Binotto lui-même présente cette réalisation comme découlant des réflexions de Jean Prouvé autour de la « maison des jours meilleurs », dite de l’abbé Pierre et du projet d’hôtel circulaire que ce dernier et lui proposent pour la station alpine des Arcs1. La maison ronde inspire ensuite les stations-service cylindriques que conçoit Jean Prouvé pour Total dans les années 19704.

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